L’étranger/l’immigré dans la Bible

Prédication

Nous vivons dans une époque où beaucoup de gens ont décidé de fuir leur pays. Soit parce qu’ils sont en danger, soit parce qu’ils cherchent une meilleure vie ailleurs. Pas que c’est une phénomène nouveau (des gens en fuit il y avait toujours), mais aujourd’hui ils viennent jusqu’à nous, et ça pose problème. Pourquoi ? Parce qu’ils viennent dans notre espace de confort et parce qu’ils viennent avec leur culture qui n’est pas la nôtre.

Si l'étranger a presque toujours une place de choix dans la Bible, c'est parce qu'il est particulièrement cher à Dieu lui-même. Dieu aime l'étranger :

« Car c'est le Seigneur votre Dieu qui est le Dieu des dieux et le Seigneur des Seigneurs, le Dieu grand, puissant et redoutable, l'impartial et l'incorruptible, qui rend justice à l'orphelin et à la veuve, et qui aime l'émigré en lui donnant du pain et un manteau » (Deut. 10v17-18).

Pourquoi l'étranger fait-il partie des personnes en danger ? C'est que, dans la société antique, être seul, c'est être exposé à tous les dangers, être privé des moyens de subsistance. Les trois groupes de personnes se ressemblent en effet, en ceci qu'elles sont privées de la protection du clan. Sans famille, elles sont sans appui, sans ressources. Leur sort dépend de l'accueil qu'elles peuvent recevoir. Ne pas les accueillir, leur offrir le nécessaire pour survivre, c'est les condamner à la mort certaine. La faute majeure de Sodome fut précisément de refuser l'accueil de l'étranger, d'exploiter sa faiblesse et de s'en amuser (Gen. 19v1-10).

Voici comment la Bible décline sa loi et son expérience de l'étranger.

 

Accueillir celui qui a besoin de toi : l'émigré, l'orphelin et la veuve

Le devoir d'accueil de l'étranger est inscrit dans la Loi donnée par Dieu à Moïse, au mont Sinaï. On lit, dans le livre du Deutéronome les règles suivantes :

• Tu laisseras à l'étranger de quoi se nourrir :

Deut. 14v28-29 : « Au bout de trois ans, tu prélèveras toutes les dîmes de tes récoltes de cette année-là et tu les déposeras à tes portes. Viendront alors manger le lévite (puisqu'il n'a ni part ni héritage avec toi), l'étranger, l'orphelin et la veuve de ta ville, et ils s'en rassasieront. Ainsi Yahvé ton Dieu te bénira dans tous les travaux que tes mains pourront entreprendre ».

• Tu associeras l'étranger aux fêtes par lesquelles tu célèbres ton Dieu :

 Deut. 16v10-14 : « Puis tu célébreras pour Yahvé ton Dieu la fête des Semaines, avec l'offrande volontaire que fera ta main, à la mesure de la bénédiction de Yahvé ton Dieu. En présence de Yahvé ton Dieu tu te réjouiras, au lieu choisi par Yahvé ton Dieu pour y faire habiter son nom : toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévite qui est dans tes portes, l'étranger, l'orphelin et la veuve qui vivent au milieu de toi. Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte, et tu garderas ces lois pour les mettre en pratique. Tu célébreras la fête des Tentes pendant sept jours, au moment où tu rentreras le produit de ton aire et de ton pressoir. Tu te réjouiras à ta fête, toi, ton fils et ta fille, ton serviteur et ta servante, le lévite et l'étranger, l'orphelin et la veuve qui sont dans tes portes ».

 

Accueillir en te souvenant que toi aussi, tu as été émigré

La motivation de cette Loi est tirée de l'expérience d'Israël lui-même. Il a été étranger, il a su ce que c'était que de mendier, d'être maltraité, privé de liberté. Dieu est venu à sa rescousse. A son tour, il se doit de subvenir aux besoins des étrangers qui croisent sa route :

• Tu t'occuperas de l'étranger parce que toi-même, tu fus étranger en terre d'Egypte.

Deut. 24v19-22 : « Lorsque tu feras la moisson dans ton champ, si tu oublies une gerbe au champ, ne reviens pas la chercher. Elle sera pour l'étranger, l'orphelin et la veuve, afin que Yahvé ton Dieu te bénisse dans toutes tes œuvres. Lorsque tu gauleras ton olivier, tu n'iras rien y rechercher ensuite. Ce qui restera sera pour l'étranger, l'orphelin et la veuve... Tu te souviendras que tu as été en servitude au pays d'Egypte ; aussi je t'ordonne de mettre cette parole en pratique ».

• Non seulement tu lui permettras de survivre, mais tu te garderas de l'exploiter :

Ex. 22v20 : « Tu n'exploiteras ni n'opprimeras l'émigré, car vous avez été des émigrés au pays d'Egypte ».

• Non seulement tu ne l'exploiteras pas, mais tu le traiteras comme quelqu'un de ta famille :

Lev. 19v33 : « Quand un émigré viendra s'installer chez toi, dans votre pays, vous ne l'exploiterez pas ; cet émigré installé chez vous, vous le traiterez comme un indigène, comme l'un de vous. Tu l'aimeras comme toi-même, car vous-mêmes avez été des émigrés dans le pays d'Egypte. C'est moi, le Seigneur votre Dieu ».

• Non seulement tu accueilleras l'étranger inconnu, mais tu accueilleras de même celui qui a été ton ennemi : 

Deut. 23v8-9 : « Tu ne considéreras pas l'Édomite comme abominable, car c'est ton frère ; tu ne considéreras pas l'Égyptien comme abominable, car tu as été un émigré dans son pays. Les fils qu'ils auront à la troisième génération entreront dans l'assemblée du Seigneur ».

• Tu appliqueras la même justice, les mêmes lois à l'étranger qu'à ceux de ton peuple.

Deut. 24v17-18 : « Tu ne biaiseras pas avec le droit d'un émigré ou d'un orphelin. Tu ne prendras pas en gage le vêtement d'une veuve. Tu te souviendras qu'en Egypte tu étais esclave et que le Seigneur ton Dieu t'a racheté de là. C'est pourquoi je t'ordonne de mettre en pratique cette parole. »

Nomb. 15v16 : « Il y aura une seule loi, une seule règle pour vous et pour l'émigré qui réside chez vous ».

 

L'arrivée de l'Étranger, signe de salut

Les disciples du Christ ont reconnu l'arrivée des « temps derniers » en Jésus-Christ, dans la mesure où l'Église assemblait d'emblée les Juifs et les Païens (les Nations étrangères) :

« rappelez-vous qu’en ce temps-là vous étiez sans Christ, exclus de la cité d'Israël, étrangers aux alliances de la Promesse, n'ayant ni espérance ni Dieu en ce monde ! Or voici qu'à présent, dans le Christ Jésus, vous qui jadis étiez loin, vous êtes devenus proches, grâce au sang du Christ » (Eph. 2v12-13).

 

Jésus, l'étranger qui reconnaît les siens

Jésus est né « sur la route » ou plutôt dans une étable, parce que ses parents, en voyage, n'avaient pu être reçus nulle part (Luc 2v7). Il a vécu, dès sa naissance, la difficulté d'être en dehors de ses frontières. Il fut aussitôt conduit en exil, par crainte d'Hérode (Mt. 2v13-18). « Venu parmi les siens, les siens ne l'ont pas reconnue. »

Plus tard, au cours de son ministère public, Jésus demeure surtout au sein de son peuple, mais il reconnaît cependant que les étrangers aussi sont sujets de la tendresse de Dieu. Quelquefois ils donnent l'exemple dans leur manière d'y répondre : voir Luc 4v22-30 ; Jean 7v1-10 : « Je vous le déclare, même en Israël, je n'ai pas trouvé une telle foi » ; voir Mt. 8v5-13 ; Luc 17v18 : « Il ne s'est trouvé, pour revenir rendre gloire à Dieu, que cet étranger ! ». Sur la croix, c'est un centurion romain qui reconnaît qui il est : Marc 15v39 : « Vraiment, cet homme était fils de Dieu ».

Je ne veux pas occulter que Jésus était un enfant de son temps vis-à-vis des étrangers. On ne balance pas notre culture comme des mouchoir utilisés.

 

Accueillir l'autre, c'est accueillir Dieu ou ses anges.

Dieu, avant Jésus Christ, s'est déjà identifié à l'étranger de multiples manières. Abraham accueille Dieu en accueillant les trois étrangers (Gen. 18 ; voir He 13v2 : « N'oubliez, pas l'hospitalité, car, grâce à elle, certains, sans le savoir, ont accueilli des anges »).

Jésus-Christ porte cette Loi à son accomplissement lorsqu'il déclare :

« Venez, les bénis de mon Père, recevez en héritage le Royaume qui vous a été préparé depuis la fondation du monde. Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire, j'étais un étranger et vous m'avez accueilli » (Mt. 25v34-35).

Nous ne serons pas jugés sur notre foi, nos pratiques et nos prières, mais sur l'amour partagé sans frontières, l'amour qui rejoint en priorité ceux qui en ont le plus besoin, l'amour qui annonce le Royaume, l'amour qui, en somme, continue la mission de Jésus.

 

Quel est le rôle de l’église envers les étrangers ?

Nous avons remarqué avec Christina que c’est difficile de parler d’eux tout en restant zen. Nous avons tous (ou beaucoup au moins) fait nos mauvaises expériences. Ses expériences nous laissent parfois oublier que nous avons en tant que chrétien, une responsabilité envers eux. Prenons alors le temps de réfléchir ensemble …

Quel est notre rôle en tant que chrétien citoyen ?

Quel est notre rôle en tant qu’église ?

écrit par Hans-Peter, le lundi 24 octobre 2016